Né à Paris en février 1970, Mathieu Lauffray révèle très jeune un vif intérêt pour le dessin. Après son baccalauréat, il entre à l’École des Arts Décoratifs de Paris où il rencontre Denis Bajram avec lequel il se lie d’amitié.
1994. Pour sa thèse de fin d’étude, il réalise une bande dessinée, Le Serment de l’Ambre, avec Contremarche au scénario. Ce premier tome est publié aux éditions Delcourt. L’année suivante, Olivier Vatine lui propose de faire les illustrations de couverture de ses adaptations de Star Wars en comic books publiés chez Dark Horse Comics. Mathieu Lauffray réalise une trentaine de couvertures pour ces publications et se consacre dans le même temps à de nombreux travaux d’illustrations pour Hachette, et Casus Belly. En 1996 et 1997 il réalise quantité de designs, recherches et peintures en tout genre pour la société de jeux video Darkworks,.
En 1997, il rencontre Christophe Gans, alors jeune réalisateur de Crying Freeman, qui lui demande de travailler sur un ambitieux projet de long métrage, Nemo. Développant librement l’univers du roman de Jules Vernes 20 000 lieues sous les Mers mais, après presque deux ans de travail, le projet ne peux voir le jour et doit s’arrêter.
En 1999, Mathieu Lauffray et Christophe Gans renouvellent leur collaboration sur un autre long métrage qui lui aboutira, Le Pacte des loups. Pour ce film, Mathieu Lauffray met au point de nombreux designs, travaille sur les story-boards et crée le carnet de voyage d’un des personnages, de Fronsac, dont les dessins apparaissent dans de nombreuses scènes du film. Il sera également la doublure à l’écran de la main de ce personnage dans les scènes où celui dessine ces fameux carnets.
En 2000, Mathieu Lauffray retrouve la bande dessinée. Avec la complicité de Xavier Dorison, scénariste du Troisième Testament, il dessine une nouvelle série intitulée, Prophet. La même année, le premier tome est publié aux Humanoïdes Associés. En 2003, parait chez le même éditeur, le second tome de Prophet. Mathieu Lauffray créant cette fois seul, scénario et dessin. Toujours en 2000, Darkworks fait de nouveau appel à lui pour créer des illustrations et les personnages du jeu vidéo Alone in the Dark 4.
En 2001, il réalise pour Pitof et Jean Rabasse un dossier de pré-production pour le film Vidocq.
« A MES YEUX, MATHIEU A MAITRISE QUELQUE CHOSE DE TRES IMPORTANT, UN HERITAGE PICTURAL DES PEINTRES CLASSIQUES, A LA FOIS TRADITIONNEL ET POURTANT TRES MODERNE. »
CHRISTOPHE GANS

En 2002, le réalisateur Doug Headline qui prépare alors un long métrage, Brocéliande, lui demande de réaliser des dessins, dans l’esprit du XVIIe siècle français, qui doivent apparaître dans certains plans de son film.
2003. Durant le tournage du Pacte des loups, il fait la rencontre de Pascal Laugier, réalisateur du court-métrage 4ème sous-sol dont il réalise l’affiche. Le courant passe si bien entre les deux artistes que Pascal Laugier fait appel à Mathieu pour la direction artistique de Saint-Ange, son premier long métrage, produit par Richard Grand-Pierre et Christophe Gans.
2003-2004. Sous la conduite de son ami Alex Alice, il participe en tant que directeur artistique, à la création d’un pilote en animation traditionnelle Siegfried. Ce pilote doit donner lieu à une série de bande dessinée ainsi qu’un long métrage animé.
En 2005 sort le troisième album de Prophet. Cette même année, la rencontre avec le production designer Français Jean Vincent Puzos le conduit à travailler sur une ambitieuse production internationale 10 000 BC dirigée par Roland Emmerich.
L’année 2006 est occupée par la réalisation du premier tome de Long John Silver, une aventure de pirates publiée chez Dargaud qui le réunit de nouveau avec son vieux complice de toujours, Xavier Dorison. Le premier tome sort le 18 Mai 2007. Côté cinéma, développement de concept design sur le film Blood : The Last Vampire réalisé par Chris Nahon.
2008. Mathieu entame un travail avec Christophe Gans sur deux projets de film Lord of the Apes, ainsi que The Swedish Horseman. Il fait également du Concept design sur un projet de film de Florent Emilio Siri The Last Tribe. Le tome 2 de Long John Silver sort et se nomme “Le Neptune”. Il rencontre un beau succès qui confirme l’adhésion du public à la série.
2009. Préparation et concept design sur le film The Tall Man réalisé par Pascal Laugier. 2010. Sortie du 3e tome de Long John Silver : “Le labyrinthe d’Emeraude”. Concept design sur le film Fantomas, réalisé par Christophe Gans.
Les derniers opus des séries Long John Silver et Prophet paraissent en 2013, conjointement avec son second artbook : Axis Mundi.
« LA REALITE EST PLUS FORTE QUE TOUT, PLUS FORTE QUE LES DISCUSSIONS AVEC MATHIEU, QUE SES DESSINS, QUE MON SCENARIO. IL N’EMPECHE QUE L’EMOTION INDUITE PAR LE TRAVAIL DE MATHIEU NE ME QUITTE PAS JUSQU’A LA FIN. »
PASCAL LAUGIER
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LE SERMENT DE L'AMBRE
Toujours poursuivis par les frères sorciers de Tichit, Moudj, les jumelles Emba et Senga et leurs compagnons sont de retour à l’Amojar, leur point de départ. Des masques finissent par tomber pour révéler la duplicité de certains, il en coûtera la destruction de la mythique maison des plaisirs. Dès lors, l’affrontement final n’aura pas lieu à l’Amojar mais sur l’île de Tichit. Mais peut-il encore y avoir des vainqueurs ?
Après dix ans et quatre tomes pleins de bruit et de fureur, le cinquième opus, Tichit, clôt la série. La tournure prise par les événements de ce dernier tome rend les personnages plus intéressants. En effet, certains sont en proie au doute et d’autres doivent faire face à leurs contradictions. Après tant de combats meurtriers pour la possession d’un « caillou », les personnalités se révèlent. La frontière entre « bons » et « méchants » s’amenuise et conduit à un final plutôt surprenant.
Dessins repris par Etienne Le Roux à partir du Tome 2.
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PROPHET
L’idée première de Prophet est arrivée assez vite, l’histoire de cet homme aux connaissances limitées mais à l’ambition folle, à qui va être confié un pouvoir gigantesque qu’il n’aurait jamais du connaître, m’est venu vite et je n’en ai jamais bougé. Je la trouvais en résonance avec cette époque du “tout, tout de suite”, elle me parlait. Le spectacle de toutes ces ambitions, non pas motivées par la volonté de bien faire mais en désir d’en récolter les fruits. La position sociale et la reconnaissance, bien avant la volonté d’accomplir et de progresser. La difficulté a été de définir les bons moyens pour le dire.
A l’époque j’avais donc développé un univers Heroïc, travaillé sur Star Wars comics, mais aussi développé l’univers graphique d’un film de Christophe Gans qui ne verrait pas le jour, Nemo. Une partie du film se déroulait en Atlantide et l’univers que je créais alors allait préfigurer ma vision des univers cyclopéens, de ces ailleurs aussi immenses qu’inquiétants. Non pas seulement inquiétant de part la vaste ornementation mortifère et macabre, mais parce que ce monde prouve que l’on peut accomplir, bâtir de grandes choses sur la base de valeurs autres, voire antagonistes. Il est toujours inquiétant et déstabilisant de réaliser que d’autres pensées aux valeurs carrément contraires peuvent accomplir de grandes choses, et possiblement nous anéantir. Mais je tiens à cet aspect car c’est une peur fertile, de celles qui font sortir de la grotte et oser affronter l’inconnu.
Pendant quelques temps, j’ai travaillé seul, le projet était vaste, mon ambition également, mais mon expérience bien maigre… Par un heureux hasard, Xavier Dorison et Alex Alice ont croisés ma route alors qu’ils sortaient tout juste de l’école de commerce. Je travaillais à l’époque en atelier avec Denis Bajram et ils sont venus nous demander conseils concernant leur premier projet BD Le troisième testament. La rencontre s’est très bien passée et nous avons sympathisé. Par la suite, Xavier m’a proposé de me donner un coup de main sur l’écriture de Pro- phet, et nous avons commencé à écrire à deux.
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LONG JOHN SILVER
C’est l’histoire d’une rencontre qui n’aurait jamais du se produire. Nous sommes à la fin du 18ème siècle et l’âge d’or de la piraterie est bel et bien révolu. Les mers sont désormais administrées par les nations, les routes maritimes ont été sécurisées pour favoriser le commerce et les derniers pirates encore actifs opèrent dans l’océan Indien et en Mer de Chine. L’Europe et les Caraïbes ont été pacifiées. Long John et sa bande sont vieux et fatigués mais surtout désabusés. Ils vivent de magouilles et de petits larcins depuis leur auberge de Bristol, le Spy Glass, jusqu’au jour où une vieille connaissance va franchir à nouveau le pas de leur porte, le docteur Livesey. Ce notable à la perruque poudrée est l’opposé de ces fripouilles. Eduqué et philanthrope, il avait déjà vu Long John à l’œuvre durant l’aventure de L’île au trésor. Et c’est accompagné de la sulfureuse lady Hastings qu’il va faire à nouveau souffler le vent de l’aventure sur nos pirates désoeuvrés.
Outre l’univers fascinant de cette époque ou le monde était encore grand et pour partie, inconnu, j’avoue avoir un faible pour le couple formé par Long John et Lady Hastings. Rien n’aurait pu empêcher le vieux pirate de se joindre à l’aventure. Le goût de l’or, du grand large, sortir enfin de ce trou où ils croupissent depuis tant d’années. Mais aussi à cause de la mystérieuse lady Hastings. Quelle audace ! Une femme aristocrate qui ose se rendre presque seule dans les bas quartiers de Bristol, dans l’antre même du pirate. Prête à signer un pacte, un contrat de chasse partie afin de faire assassiner son mari, à l’autre bout du monde. Est-elle folle, inconsciente, capricieuse ? Ou bien est elle réellement un être en révolte, en refus des conventions et avide de liberté ? De cette même soif de liberté qui le fit lui-même, jadis, quitter la terre ferme et ses routes pavées ? Lui est vieux, la geste pirate révolue, le nouveau grand combat allait il venir d’elle ? Des femmes en général ? Il fallait savoir.
Durant l’aventure, Long John, Livesey et Lady Hastings vont apprendre beaucoup sur les autres et sur eux-mêmes, c’est là une des magies de l’action. Le but initial de cette épopée finira par s’estomper, remplacé par d’autres, plus profonds et plus fondamentaux. Perdus au milieu de nulle part, loin des routes et des repères connus, nos héros vont se découvrir et se révéler.
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LEGION
Transylvanie, décembre 1476. Le tyran Vlad Dracula Tepes est vaincu par les troupes ottomanes et décapité. Son frère Radu termine dans les geôles du sultan, abandonné au milieu des rats en attendant une mort finalement pas si certaine que cela.
Quelque part sur l’Atlantique, mars 1521. La belle Doña Gabriella de la Fuente vogue sur l’océan en direction du Nouveau Monde, afin d’y épouser le conquistador Hernan Torres.
Russie, novembre 1812. Le capitaine Armand Malachie déserte les troupes napoléoniennes, mal embarquées aux alentours de la Bérézina.
Whitechapel, avril 1887. Victor Douglas Thorpe est convoqué par un Lord immensément riche, à la recherche d’un digne héritier.Après quelques perles unanimement saluées par la critique, Fabien Nury renoue avec ses débuts en proposant une préquelle à son triptyque Je suis Légion, paru chez les Humanoïdes Associés entre 2004 et 2007. Ce cycle de quatre tomes entreprend de raconter la genèse des deux demi-frères Tepes, avant leurs réincarnations durant la Seconde Guerre Mondiale.
Si le récit s’inspire du mythe de Bram Stoker et débute par la décapitation du prince de Valachie en 1476, Fabien Nury s’éloigne très vite des sentiers battus en proposant un récit qui voyage à travers les siècles. En conférant d’étranges pouvoirs au sang vampirique, il permet aux héros de transiter d’une âme à l’autre sans perdre leurs souvenirs et en conservant cette haine éternelle qu’ils se vouent. Si le survol rapide des incarnations successives ne permet pas vraiment de s’attacher aux différents hôtes, ce fil rouge sang, ponctué d’une voix-off efficace, permet néanmoins de développer les psychologies de Vlad et de Radu au gré des existences empruntées.
En s’appuyant sur quatre dessinateurs issus de pays différents, qui se passent les crayons au fil des changements d’époque et de lieu, le graphisme accompagne brillamment les différents sauts de cette entité diabolique nommée « Légion ». Si la couverture et l’introduction sont l’œuvre du Français Mathieu Lauffray, l’Italien Mario Alberti s’occupe de la traversée en bateau, le Chinois Zhang Xiaoyu signe la déconvenue de l’empereur Napoléon en Russie, tandis que l’Espagnol Tirso illustre le passage londonien qui conclut ce premier volet. S’ils empruntent des styles graphiques distincts, ils parviennent néanmoins tous à installer cette ambiance sombre et pesante, qui souligne la présence de ces immortels, engagés dans un duel fratricide.
BANDES DESSINEES
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NEMO
Il s’agit d’une adaptation du roman de Jules Vernes « 20 000 lieues sous les mers » qui n´a finalement pas vu le jour.
Christophe Gans qui avait déjà réalisé un des sketch de «Necronomicon» ainsi que «Crying Freeman» s´est lancé dans cette opération ambitieuse vers 1995.
Le film devait être un récit épique fantasmagorique et tourmenté à gros budget !
Mon travail a été de donner une première vision quant aux designs proprement dits, mais aussi quant à l´ensemble de l´esthétique du film.Les images peintes sont des préfigurations faites sur la base du script, destinées à donner une vision aussi proche que possible de ce que l´on aura à l´écran.
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LE PACTE DES LOUPS
Le pacte des Loups est entré en chantier en 99.
Je travaillais avec Christophe Gans depuis quelques temps déjà quand l’idée lui est venue de traiter ce mystérieux épisode de notre histoire.Ce projet était très différent de Nemo dans la mesure où il s’agissait d’une reconstitution historique relatant un évènement librement dramatisé mais authentique.
La part laissée à l’imagination et à la création d’univers merveilleux et tourmentés était donc bien moindre… Où donc allais-je pouvoir caser mes élucubrations fantasmagoriques?!La solution est venue de Christophe qui a conféré au personnage principal, le chevalier Grégoire de Fronsac, un nombre formidable de talents variés dont celui de dessinateur.
Après une rapide série de recherches graphiques sur la bête et l’esprit du film en général, nous avons entamé les dessins de Fronsac proprement dit.
De manière générale, je me suis inspiré des carnets de voyages de la fin du dix-huitième, début dix-neuvième, mais en mélangeant les inspirations pour les aménager à ma sauce.
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10 000 BC
Nous sommes partis travailler sur ce film en septembre 2005. Ceci est le fruit de deux mois de travail. Il a fallu aller vite, rien le temps de peaufiner, des idées, des idées, des idées!
Mais l’experience fut passionante et je tiens à remercier Jean Vincent Puzos, production Designer, pour m’avoir permis de la vivre, et Fabien Ouvrard mon camarade designer pour son amitié.
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SAINT-ANGE
J’ai rencontré Pascal Laugier alors qu’il travaillait à la réalisation du making of du Pacte des loups.
Passionnés de cinéma et de cinéma fantastique en particulier, nous avons rapidement trouvé de nombreux centres d’intérêt communs sur lesquels baser d’éventuels projets futurs. D’intarissables discussions autour de sujets aussi divers que la bande originale de film, le Funk ou l’univers en général, me confortèrent dans l’idée que le travail d’équipe, quand il progresse vers des objectifs communs, peut être une expérience formidable ! C’est pourquoi, quand il me proposa d’être le directeur artistique de son premier long métrage, j’acceptai sans hésiter ! En effet, la maison de production Eskwad allait produire son premier film et tout était désormais possible. Nous avions largement développé nos directions de travail, au cours de nos dialogues antérieurs au film lui-même, mais il restait à préciser la plus importante des questions lorsque débute une telle collaboration : la conception même du fantastique que nous voulions représenter. Il en existe plusieurs et chacune détermine un type de traitement spécifique.Très vite, Pascal s’est tourné vers le plus introspectif et peut-être le plus insidieux de tous, celui qui ne laisse que peu de place aux explications et aux certitudes, celui du Haunting de Robert Wise ou du Rosemary’s baby de Roman Polanski. L’idée était de faire du fantastique tout en retenue. Aussi minimaliste dans ses effets qu’efficace dans la suggestion d’une angoisse diffuse. Toute représentation physique ou tangible du surnaturel était à gérer avec une infinie prudence. Nous avons alors commencé à travailler sur les aspects prioritaires du film d’un point de vue visuel et environnemental.
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THE TALL MAN - THE SECRET
À Cold Rock, petite ville minière isolée des Etats-Unis, de nombreux enfants ont disparu sans laisser de traces au fil des années, et n’ont jamais été retrouvés. Chaque habitant semble avoir sa théorie sur le sujet mais pour Julia, le médecin dans cette ville sinistrée, ce ne sont que des légendes urbaines. Une nuit, son fils de 6 ans est enlevé sous ses yeux par un individu mystérieux. Elle se lance à sa poursuite sachant que si elle le perd de vue, elle ne reverra jamais son enfant.
FILMS
« JE SAIS QUE CE QUI VA M’ARRIVER N’EST PAS FORCÉMENT UNE SINÉCURE. JE SAIS QUE JE DEVRAIS AVOIR PEUR. MAIS JE NE PEUX M’EMPÊCHER DE REGARDER. D’ADMIRER LE SPECTACLE DE LA BEAUTÉ, MÊME SI ELLE PRÉCÈDE L’HORREUR. »
FABIEN NURY